L’incidence de l’HABITAT sur la SANTÉ

Le Dr Pascal GIUDICELLI est un spécialiste reconnu de l’ingéniérie médicale dans le bâtiment. Animateur du cabinet MEDI-CONSEIL, il a bien voulu apporter à CAP CONSOMMATEURS HABITANTS ses réflexions sur la prise en compte de la santé des occupants dans la conception et la construction de bâtiments.

1. UN CONSOMMATEUR DE PLUS EN PLUS SENSIBILISÉ
Mon propos aujourd’hui sera de vous faire part d’une expérience d’oto-rhino-laryngologiste, installé sur le site de la Défense depuis près de 20 ans. Le problème au niveau du consommateur (et d’un consommateur particulier qui est le consommateur travailleur) est le temps qu’il passe à l’intérieur d’un local ou d’un véhicule. Aujourd’hui, nous passons 80% de notre temps dans un abri, qu’il s’agisse du domicile, du lieu de travail ou du lieu de transport. Depuis quelques années, on s’aperçoit que les gens sont plus préoccupés, non plus de la forme et de la beauté, mais du confort, de l’hygiène et de la santé.
Cet aspect, est lié à tout ce que nous vivons, et qui est également entretenu par les médias.

2. VERS LE NÉO-HYGIÉNISME
L’évolution aujourd’hui nous conduit à ce que j’appelle le néo-hygiénisme. L’abri, au tout début de notre ère, protégeait l’homme de l’extérieur, essentiellement des agressions animales. Peu à peu, cet abri a évolué pour être ce qu’on connaît aujourd’hui. Dans les années cinquante, on a dû faire face dans l’après-guerre aux problèmes de tuberculose en particulier. Ça a été la période de Le Corbusier où on a commencé à construire en hauteur, à élargir les routes, c’est à dire, à donner du volume, de l’éclairage et de la ventilation à l’habitat.
Je pense qu’aujourd’hui, nous vivons une nouvelle phase du néo-hygiénisme car nous sommes au quotidien confronté à des problèmes de pollution. Pollution, certes extérieure, mais également intérieure ce qui nécessite entre autres, la propreté du bâtiment. C’est ma première constatation.
3. CONSTRUIRE AUTOUR DE L’HABITANT
Ma seconde constatation, c’est que, selon l’OMS, la santé c’est l’association du confort physiologique, du confort physique et du confort psychosocial. Mais, la santé ce n’est pas que le confort, la santé c’est du confort et de l’hygiène, deux dimensions décisives et complémentaires. Qu’il s’agisse du lieu de travail, qu’il s’agisse du transport, qu’il s’agisse de l’habitat, je crois qu’aujourd’hui nous devons nous préoccuper avant tout du confort et de l’hygiène de l’occupant. Je veux dire, il ne s’agit plus de construire une usine de technologie et d’y mettre un occupant et de lui dire : voilà, tu n’as pas le choix, tu dois travailler. Je crois qu’il faut construire autour de l’occupant. Et construire autour de l’occupant ça veut dire quoi? Ça veut dire construire en respectant essentiellement au départ, sa physiologie, son niveau d’activité ses attentes, ses comportements. C’est aussi l’éduquer et lui offrir des produits simples et l’individualisation de son confort.
4. APPORTER DES SOLUTIONS PERTINENTES
Ce diagnostic est un peu alarmant, mais Médi Conseil travaille aussi à l’apport de solutions, avec une expérience de consultation que j’ai associée à une expérience du bâtiment, puisque je travaille depuis une dizaine d’années avec des acteurs du bâtiment. J’ai développé un concept qui, il y a dix ans était novateur et qui est toujours d’actualité. C’est celui de l’ingénierie médicale dans le bâtiment, c’est-à-dire, apporter aux professionnels du bâtiment des conseils concernant :
– le visuel,
– la qualité de l’air,
– l’acoustique,
– la domotique.
5. ÉLABORER DES RÉFERENTIELS
Ça nous a permis de travailler avec des maîtres d’ouvrage, des bureaux d’étude, des entreprises, mais également des occupants, avec l’aide de partenaires qui mettent l’accent aujourd’hui sur la santé. Ils ont compris que dans leur offre de services la qualité c’est également le confort et l’hygiène de l’occupant. Nous avons travaillé à définir des référentiels et nous en avons par exemple défini un pour la qualité de l’air que nous avons mis en œuvre il y a maintenant trois ans dans le tertiaire. Trente-cinq mille mètres carrés faits selon ce référentiel. Les résultats aujourd’hui sont vraiment positifs.

6. CERTIFIER LES BÂTIMENTS SUR LE PLAN DE L’HYGIÈNE ET DU CONFORT
J’espère que nous verrons bientôt la création, avec l’aide des ministères concernés, d’un organisme totalement indépendant chargé de certifier les bâtiments à partir de référentiels concernant notamment la propreté du stockage, le nettoyage en fin de chantier des gaines et des plénums, la suppression de toutes les négligences sur le chantier dont on sait qu’elles pourront provoquer demain les problèmes de santé.